2017
Là où tous les trottoirs fatigués de cette ville
( ceux sur lesquels on a tellement craché )
se réunissent, un carrefour
ridicule, il y a une porte cachée.
Tu la reconnaîtras :
sa rouille orange, le tapis en mousse émeraude,
le graffiti lavande et safran, le lierre bordeaux.
Derrière le verrou la scène est vide
( cette pauvre scène sensible, et le
vide lui fait trop penser à la mort. )
Dans cette pièce chaque mot est un
mot de passe et la guitare est un
poignard droit dans le coeur.
Et sa taille qui frissonne, n’est-elle pas assez pour
réveiller les morts? Et le
hurlement doux de ses six langues nylones, illumine-t-il un
atlas de la mort?
Ici tout le monde danse et le
son de nos mains à chaque rencontre est une autre
supernova qui s’éclate dans le vide.
Quand elle danse avec moi sa taille me
raconte des histoires :
Un livre de sortilèges enterré,
ou pas encore écrit.
Une source mythique et
interdite.
Quand nous chantons ensemble son souffle
me réveille encore et encore :
une nocturne,
un après-midi
dans un rêve lucide.